32

 

 

 

Achmed s’assura que tout son équipement était convenablement sanglé avant de regarder une fois de plus hors du tunnel.

« Grunthor arrive », annonça-t-il.

Rhapsody donna à Clarion l’Étoile du Jour un dernier coup de chiffon avant de la glisser dans le nouveau fourreau doublé d’ivoire noir que les artisans bolgs avaient forgé pendant son absence. Un chant s’éleva au-delà de la saillie de roche et la voix de basse grondante fut renvoyée en écho par les parois du tunnel.

 

En amour tout comme à la guerre,

(Deux choses qui ont l’heur de me plaire)

On raconte que tout est permis.

Tu n’as donc pas à être surpris

Si tout en t arrachant les yeux

J’te sodomise à qui mieux mieux..

 

J’ai bien l’intention d’égorger

Après les avoir tous baisés

Ta femme et tes petits enfants.

Mais tu s’ras froid depuis longtemps

Quand ils mourront, c’est indéniable,

Car j’suis un Bolg infatigable.

 

Rhapsody ne put s’empêcher de rire. « Voilà qui est adorable ! déclara-t-elle à Achmed. Est-ce une de ses nouvelles compositions ? »

Le roi firbolg haussa les épaules. « Depuis que je le connais, il n’a jamais été à court de chansons de route. Je suis certain que son répertoire en comprend des milliers que nous n’avons pas encore eu l’occasion d’entendre. »

Peu après, le sergent sortait de la crevasse invisible et pénétrait dans le tunnel.

« Est-elle partie, Grunthor ? A-t-elle quitté les Terres des Bolgs saine et sauve ?

— Oui, répondit le géant en essuyant la sueur de son front. On l’a suivie jusqu’au bout des tranchées de la province de Bethe Corbair et la plaine de Krevensfield, avant de faire demi-tour. Elle est sur les terres de Roland, mam’zelle, à des lieues du Grand Tribunal. »

Rhapsody soupira de soulagement. « Merci. Je ne puis vous décrire la sinistre vision qu’elle m’a inspirée. Au moins est-elle en sécurité et sur le chemin du retour auprès de son maître. Quel fieffé imbécile, ce Tristan Steward ! Je ne puis croire qu’il l’a envoyée jusqu’ici sans escorte.

— Il a dû estimer que sa disparition ne serait pas une grande perte ou encore que ce qu’il désirait était trop important pour attendre le passage de la prochaine caravane postale », fit Achmed en remontant son capuchon.

Rhapsody s’autorisa un sourire sans joie.

« La seconde explication est probablement la bonne, même si son raisonnement m’échappe. C’est d’autant plus regrettable qu’elle l’aime.

— J’ai dû rater un épisode, marmonna Grunthor en cillant.

— Elle ne l’a pas dit, mais c’est évident. »

Achmed se leva et secoua son manteau, avec irritation.

« Eh bien, peut-être l’honorera-t-il comme elle le mérite ! Pouvons-nous rentrer, à présent ? Que Tristan Steward s’envoie ou non en l’air avec une servante est le cadet de mes soucis.

— À moi aussi, déclara Rhapsody en se dressant à son tour. Conduisez-moi au Loritorium. J’y pense depuis mon départ pour l’antre d’Elynsynos. »

 

Le roi firbolg alla se placer à l’entrée de la salle souterraine pour voir l’expression de Rhapsody lorsqu’elle pénétra dans le Loritorium pour la première fois. Bien que s’attendant à cette réaction, il frissonna quand la beauté des lieux affecta sa silhouette, la nimbant d’un halo qui rivalisait avec le soleil du monde supérieur. « Dieux ! » murmura-t-elle en se tournant lentement sous la haute voûte marbrée pour contempler le firmament de la caverne. « Quel endroit magnifique ! Il est dommage qu’il soit resté inachevé. C’eût été une œuvre d’art incomparable !

— Heureux de constater que vous le trouvez à votre goût », déclara Achmed, irrité par la réaction qu’elle provoquait en lui sitôt qu’il l’observait. Son extraordinaire beauté était un atout qu’il s’était empressé d’utiliser quand cela avait servi ses desseins, mais il n’aimait guère se voir rappeler qu’il y était lui aussi vulnérable. « Voudriez-vous à présent avoir l’obligeance de nous aider à déterminer ce qu’est ce hrekin argenté ? » Il désigna une flaque de fluide miroitant dont la clarté s’élevait entre les fissures séparant les dalles de marbre, une flaque bien moins importante que le jour où il l’avait découverte.

Rhapsody se pencha au-dessus et tendit la main. Elle sentit une forte vibration danser à l’extrémité de ses doigts, y engendrant des picotements suivis d’une sensation de brûlure. Elle ferma les yeux et fredonna sa note baptistrale pour localiser le point d’origine des ondes.

Son esprit fut soudain envahi par une cascade d’images, pour certaines saisissantes et pour d’autres épouvantables. Le tourbillon la déséquilibra et la fit reculer.

Achmed la retint par le bras, pour l’aider à recouvrer son assiette. « De quoi s’agit-il ?

— De souvenirs, répondit-elle en se frottant les yeux. Des souvenirs liquides, à l’état pur. » Elle regarda les autels érigés aux points cardinaux de la place avant de s’avancer vers eux en tremblant d’excitation. Elle leva le doigt vers un réceptacle en forme de vasque pour oiseau destiné à recevoir une des Augustes Reliques.

« Écoutez, dit-elle en essayant de se détendre. Pouvez-vous entendre ce chant ?

— Reculez, mam’zelle ! l’avertit Grunthor. Il y a un piège.

— Je le sais. Ce chant me le précise.

— Qu’est-ce ? » insista Achmed.

Le visage de Rhapsody devenait de plus en plus lumineux.

« Dans ce bassin se trouve une seule goutte d’eau… la voyez-vous ? » Le Bolg loucha puis hocha la tête. « C’est une goutte de l’Océan des Larmes, un fluide rare et inestimable, cet élément sous sa forme la plus pure. » Elle pivota et désigna un autel allongé sculpté dans du marbre magnifique aux nuances pastel de vermillon, de vert, de marron et de pourpre.

« Et voici une dalle de Pierre Vivante, toujours active depuis la naissance de la Terre.

— La composition de l’Enfant de la Terre est identique, lui rappela Achmed.

— Tout laisse supposer que le réceptacle du vent est vide », déclara Rhapsody. Elle désigna une cavité dans la voûte qui les surplombait. « Je présume que Gwylliam escomptait y placer le bout d’étoile, le Seren – l’éther – qu’il avait apporté de l’Île. Les manuscrits que vous m’avez montrés paraissent l’indiquer.

— Ce qui explique comment se sont formées ces flaques de souvenirs. L’action engendre la vibration et cette dernière subsiste, pour ne se dissiper que lorsqu’elle se fond dans une autre vibration ou qu’elle est absorbée par le vent ou l’océan, ses deux plus grands dépositaires. Ce lieu a été hermétiquement scellé et empli de formes de connaissance élémentales aussi pures que puissantes, comme l’autel de Pierre Vivante et les Larmes de la Mer. Cette magie communie avec les vibrations de tout ce qui s’est passé ici et en renforce le souvenir. » Elle se pencha à côté de la petite mare miroitante. « Je la suspecte d’avoir commencé à s’évaporer depuis que vous avez ouvert le tunnel et laissé entrer de l’air provenant de la surface. Mais des siècles de vibrations prises au piège ont fortement imprégné ce milieu. »

Achmed hocha la tête. « Pouvez-vous déterminer, en sondant ce souvenir liquide, si le puits de feu a été obstrué de façon intentionnelle ou accidentelle ? »

Rhapsody s’avança jusqu’à la fontaine condamnée du cœur du Loritorium et la contourna lentement. La chaleur crut soudain, comme si le feu avait perçu sa présence. Elle ferma les yeux et avança la main vers le conduit bouché, qu’elle effleura du bout des doigts. Pendant que son esprit se clarifiait, elle fredonna une note baptistrale.

Sidérés, Grunthor et Achmed virent la brume argentée du bassin entourant la fontaine s’élever dans les airs comme de la bruine pour façonner la silhouette indistincte d’un homme. L’image était floue, ses mouvements privés de précision, mais il semblait regarder pardessus son épaule. Il se tourna et approcha de la fontaine, avant de s’évaporer.

Rhapsody rouvrit les paupières et ses yeux brillèrent telles deux émeraudes sous la clarté des torches.

« La réponse à votre question est oui, il s’agit d’un acte délibéré. Le puits de feu a été condamné au même titre que les évents qui servaient à l’évacuation des fumées des forges de Gwylliam. Toutes ces vapeurs caustiques ont été dirigées vers la Colonie. »

Elle s’abandonna à un silence songeur. Achmed attendit qu’elle se ressaisisse, impatient d’apprendre d’autres détails et de pouvoir lui poser des questions. Après quelques minutes, il vit ses yeux devenir limpides.

« Je m’en souviens, à présent », fit-elle à mi-voix, comme si elle s’adressait à elle-même. Elle se tourna vers les deux Bolgs. « L’homme qui a obstrué le conduit l’a fait à dessein, il y a très longtemps. Je l’avais déjà rencontré, même si je ne l’ai pas immédiatement reconnu.

— Mais vous vous êtes finalement rappelé qui c’était ?

— En un certain sens. À notre arrivée ici, quand nous explorions les salles royales de Canrif, j’ai eu une vision de Gwylliam assis avec morosité au bord de son lit, près d’un cadavre au cou brisé. » Achmed hocha la tête. « C’est le corps de l’homme qui a bouché ceci.

— Pourriez-vous me le décrire ? »

Rhapsody haussa les épaules. « Un individu banal, cheveux blonds avec des touches de gris, des yeux bleu-vert. Ce qui ne m’a pas permis de l’identifier sur des manuscrits ou des fresques qui ont subsisté jusqu’à nous. Mais c’est secondaire. Si c’était le F’dor, ce que je pense, il s’est trouvé depuis un nouvel hôte étant donné que celui-ci a cessé de vivre. »

Achmed exhala lentement. « Le F’dor était donc informé de l’existence de la Colonie.

— Tout l’indique.

— Il doit en ce cas savoir que l’Enfant de la Terre repose dans cette caverne, et nous pouvons en conclure qu’il y viendra. »

 

« Tous les résidus déposés dans les rigoles ont-ils été retirés ? »

Achmed tordit les chiffons huileux, les jeta en tas à la bordure de la place du Loritorium et fit glisser un doigt dans la saignée la plus proche, sous un réverbère.

« C’est bon, il n’en reste pas suffisamment pour que le feu risque de se propager quand nous ouvrirons la citerne. » Rhapsody lui adressa un regard oblique qui eut le don de l’irriter, avant qu’il ne se tourne vers Grunthor pour obtenir une confirmation. « Qu’en penses-tu, sergent ? »

Le géant avait d’autres occupations. Dressé devant l’autel de Pierre Vivante, il l’étudiait avec l’expression de celui qui écoute une musique lointaine. Il finit par secouer la tête tel un dormeur qui s’éveille avant de remarquer les expressions interrogatrices de ses amis.

« Hum ? Oh, désolé ! Je pense que c’est bon comme ça.

— Et le conduit, Grunthor ? demanda Rhapsody. Pouvez-vous nous dire si le déboucher n’aura pas un effet néfaste sur la Colonie ? »

Le géant ferma les yeux et tendit une main massive qu’il abaissa doucement vers l’autel, en tremblant un peu, comme s’il allait caresser pour la première fois le visage d’un être aimé. Ce qu’il ressentit lors du contact faillit le déséquilibrer. Cela remonta ses doigts, sa main et son bras, pour embraser son épaule de chaleur et de vie.

Il voyait mentalement les veines du sol, les failles et les crevasses dans la pierre et l’argile, les strates de roche se trouvant autour et au-dessus de lui. Il laissa son esprit explorer le puits de feu, emprunter ses anciennes entrées et sorties, découvrir des passages que plus rien n’obstruait. C’était un peu comme suivre un ami très cher dans les couloirs d’une propriété ancestrale familière, dont chaque recoin et chaque alcôve s’offrait librement aux regards. Il n’interrompit ce voyage qu’à regret.

« Non, mam’zelle, tout est dégagé. Ce qui subsistait en certains endroits a été retiré il y a des années. Par ailleurs, la Grand-Mère a creusé ses propres conduits d’aération. »

Satisfaite, Rhapsody hocha la tête. Elle inséra délicatement ses petites mains à l’intérieur du tuyau, pour les refermer sur les côtés de la pierre qui le condamnait. Du basalte, l’avait informée Grunthor. L’identification de la roche était exacte, la Terre lui avait murmuré son nom. Elle utilisa ses capacités de Baptistrelle et le prononça avec soin avant d’entonner le chant propre à ce minéral.

Le bloc coincé depuis des siècles se mit à bourdonner. Rhapsody inhala à pleins poumons puis passa à un autre chant. Magma, toi qui refroidis mais qui restes liquide. Ses doigts s’enfoncèrent dans la roche devenue malléable comme de l’argile. Elle exerça une traction sur le bouchon afin de le retirer puis elle le déposa sur le sol sans lui laisser le temps de durcir sur ses mains.

Ponctué par un rugissement, un petit jet de feu provenant du noyau de la Terre jaillit et éclaboussa de chaleur fluide et de lumière le plafond du Loritorium. La flamme avait un éclat aveuglant, si intense que les Trois crièrent et que Rhapsody chut à la renverse, les mains sur les yeux.

Ce nouvel éclairage donnait aux lieux un aspect totalement différent. Le marbre poli avait acquis un éclat qui se communiquait aux rues. Les fresques inachevées des parois étaient révélées dans leurs moindres détails si délicats, les motifs compliqués sculptés dans les bancs de pierre leur apparaissaient véritablement pour la première fois. Les dômes de cristal des réverbères scintillaient telles des étoiles et, un court instant, cette illumination chassa les ténèbres de l’ignominieuse histoire locale. Puis le jet se réduisit à une flamme agitée qui se consumait dans son réceptacle.

Sitôt accoutumée à la luminosité ambiante, Rhapsody regarda le puits de feu avec satisfaction avant de s’intéresser au système de lampes et de rigoles reliées à la grande citerne de combustible.

« Ce lieu sera magnifique, quand vous l’aurez terminé, déclara-t-elle à Achmed avec excitation. Il sera idéal pour la recherche et l’étude, conformément aux désirs de Gwylliam.

— En supposant que nous vivions assez longtemps pour le voir, rétorqua impatiemment Achmed. À présent que la bouillie argentée a confirmé que le F’dor connaît cet endroit, nous devons nous apprêter à subir son attaque. Ce n’est qu’une question de temps.

— Si elle doit avoir lieu, pourquoi ne l’a-t-il pas lancée avant que les Bolgs ne s’organisent ? demanda Rhapsody.

— Si nous avons décidé de vous conduire jusqu’à la Colonie, c’est précisément pour que vous le déterminiez, dit-il en désignant l’ouverture qui y menait. La Grand-Mère ne révélera la prophétie que si nous sommes tous présents. J’espère trouver des réponses dans ce qui a été annoncé. »

Rhapsody ramassa son barda et le suspendit à son épaule.

« Je vois. Peu importe de quoi il s’agit ; nous nous y conformerons parce qu’un devin dhracien l’a prédit il y a longtemps. » Elle contint un rire face au froncement de sourcils du roi firbolg, puis elle suivit ses compagnons dans le tunnel foré par Grunthor.

 

 

Même à la seule lueur de sa torche, le géant lisait de l’irritation sur les traits de Rhapsody. Elle et Achmed n’avaient cessé de se chamailler depuis qu’ils avaient quitté le Loritorium pour descendre dans le passage menant à la Colonie.

« Il est encore plus logique que le F’dor soit Llauron, disait Achmed sans prêter attention à l’orage qui couvait dans les yeux de Rhapsody. Il a vécu ici, à Canrif, avant la guerre. Il a pu accéder au Loritorium, à l’époque. Il devait certainement projeter de reconstituer l’État cymrien – vous avez même déclaré qu’il avait sollicité votre aide dans l’entreprise – et de faire d’Ashe leur souverain.

— C’est tout aussi absurde, rétorqua-t-elle. Si Llauron était le F’dor, et qu’il voulait asseoir Ashe sur le trône, pourquoi lui aurait-il ouvert la poitrine en manquant de peu le tuer ?

— Suffit ! gronda Grunthor. Elle perçoit vos disputes et ça la bouleverse. »

Ils le regardèrent, surpris. Rhapsody recouvra sa voix la première.

« Qui ça ?

— L’Enfant Endormie, évidemment. Taisez-vous, à présent, mam’zelle. Elle sait que vous arrivez. »

La Chanteuse leva les yeux vers le géant qui affichait une expression empreinte de solennité. « C’est entendu, Grunthor. Vous pourrez peut-être nous expliquer en chemin comment vous savez tant de choses. »

Prophecy, Deuxième Partie
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